Guerre d'indépendance (1775-1783) - Congrès continentaux et Déclaration d'indépendance

La rupture définitive entre l'Empire britannique et ses colonies d'Amérique du Nord se produit lors du Premier Congrès continental de Philadelphie, en septembre 1774. Les délégués de douze des Treize Colonies se réunissent pour discuter des mesures à prendre après les Intolerable Acts. Ce premier congrès appelle à un boycott général du commerce britannique, publie une "Liste des Droits et Griefs" et envoie une pétition au Roi d'Angleterre.

Les délégués des colonies prévoient également un second Congrès continental, programmé le 10 mai 1775, pour analyser les résultats du boycott. Entretemps, les hostilités entre les Habits Rouges et les milices américaines ont débuté en avril, avant même l'ouverture de ce second Congrès. Les délégués présents à ce second congrès décident de rédiger la "Déclaration d'indépendance". Le document écrit, dans sa forme définitive, est ratifié le 4 juillet 1776 à Philadelphie. C'est véritablement le premier des textes fondateurs de la nouvelle nation américaine, qui inspirera par la suite la "Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen" de 1789, en France.




Premier Congrès continental (5 septembre - 26 octobre 1774).

Le Premier Congrès continental est une assemblée composée des représentants des colonies d'Amérique du Nord qui s'ouvre le 5 septembre 1774 à Philadelphie. 55 délégués de douze des treize Colonies (1) se réunissent pour discuter de leur réponse à donner aux Coercive Acts, que les colons américains nomment de leur côté Intolerable Acts, voté par le parlement britannique en mars 1774. Ces lois ont été spécifiquement conçues pour punir la colonie du Massachusetts, après le Boston Tea Party.



1° Contexte.

A la fin du 18ème siècle, les Treize Colonies britanniques d'Amérique du Nord s'opposent à leur métropole. Pour renflouer son économie exsangue après la Guerre de Sept ans, Londres a en effet tenté d'imposer des taxes et de renforcer son emprise sur les Colons. (2)

En 1765, les Colons avaient déjà tenu une assemblée appelée Stamp Act Congress afin de répondre au Stamp Act.

En 1774, à la suite des Intolerable Acts, les Bostoniens en appellent à la solidarité des autres colonies. Au mois de juin, les assemblées du Massachusetts et de Virginie sont dissoutes. La Continental Association, l'alliance entre les Treize Colonies, cherche à renforcer la campagne des boycotts des produits anglais.

Le premier Congrès Continental est l'ultime étape qui marque le passage de la contestation à la Révolution, et qui va conduire les Américains à prendre leur destin en mains. Acte éminemment illégal du point de vue de la métropole: il créé une assemblée politique indépendante, dont le premier but est de coordonner l'action des colonies contre la métropole, avant de se transformer en véritable instrument gouvernemental.

Il est organisé grâce au "Comité de correspondance" (Committee of correspondence) à Philadelphie, qui est alors la ville la plus peuplée des Treize Colonies. C'est précisément au Carpenters Hall que la première réunion se tient le 5 septembre 1774.


Le Premier Congrès continental se réunit du 5 septembre 1774 au 26 octobre 1774. Il est composé de 55 délégués choisis par les assemblées provinciales ou les comités de correspondance.

L'assemblée est d'abord présidée par Peyton Randolph, puis par Henry Middleton les quatre derniers jours. Le secrétaire est Charles Thomson, l'un des leaders des "Fils de la Liberté" (Sons of Liberty).

Il existe des oppositions au sein de cette assemblée: certains délégués radicaux (avocats, pasteurs, ...) comme Patrick Henry considèrent que la rupture politique avec la Grande-Bretagne est engagée et qu'il faut former un gouvernement indépendant. Henry souhaite également que les colonies les plus peuplées et les plus riches exercent un pouvoir de décision plus important que les autres.

Joseph Galloway, délégué de la Pennsylvanie, cherche quant à lui à réconcilier les colonies et la métropole: c'est le Galloway's Plan of Union du 16 septembre 1774. Il propose la formation d'une assemblée législative américaine, dont le consentement serait requis pour l'application des mesures impériales. Ce grand conseil aurait un président nommé par le roi d'Angleterre. Galloway est soutenu par John Jay, Edward Rutledge et d'autres délégués conservateurs et loyalistes, en majorité des Quakers.

Au centre se trouvent des délégués modérés, parmi lesquels des marchands et des bourgeois favorables au maintien des relations commerciales avec l'Angleterre.


2° Résultats du Premier Congrès continental.

Le 14 octobre 1774, le Premier Congrès continental exige la reconnaissance des libertés américaines. Il essaie également de définir les droits de l'Amérique, et de placer des limites sur la puissance du Parlement britannique.

Le 20 octobre 1774, il rédige les "Articles d'association" (Articles of Association). Ces articles conçoivent une alliance entre les Treize Colonies. Ces articles se réfèrent collectivement aux colonies en tant qu'"Amérique", et seulement une fois en tant que "Britannique-Amérique", et à leurs personnes en tant que "sujets américains".

Il décide de boycotter les marchandises britannique à partir du 1er décembre 1774. Si les Intolerable Acts ne sont pas abrogés, il est prévu que les exportations américaines vers l'Angleterre seraient suspendues à partir du 10 septembre 1775. Les Antilles britanniques sont également menacées de boycott, à moins qu'elles acceptent la non-importation de produits britanniques.

Les assemblées de chaque colonie approuvent les démarches de ce premier Congrès continental, à l'exception des délégués de New York. L'application du boycott est donc une réussite.

Les importations de Grande-Bretagne baissent de 97% en 1775, par rapport à l'année précédente. Des comités de surveillance doivent être formés dans chaque colonie pour l'application des articles. Le Congrès approuve des résolutions qui conseillent les colonies à commencer à former leurs citoyens pour la guerre.

Les délégués prévoient le Second Congrès continental, fixé le 10 mai 1775. En plus des colonies qui ont envoyé des représentants au premier Congrès, des lettres d'invitation sont envoyées à la Géorgie, au Quebec, à l'Ile du Prince-Edouard, à la Nouvelle-Ecosse, à la Floride orientale et à la Floride-Occidentale.

Mais aucun de ces derniers n'enverront de délégués à l'ouverture du deuxième congrès, bien qu'une délégation de la Géorgie arrive au mois de juillet 1775.

Video ci-dessous: Histoire de l'Amérique. Série documentaire réalisée en 2013 pour Nat Geo Channel. EP 01/10: les rebelles.



3° Liste des délégués du Premier Congrès Continental.

  • Province du New Hampshire:
      - Nathaniel Folsom
      - John Sullivan

  • Province du Massachusetts:
      - John Adams
      - Samuel Adams
      - Thomas Cushing
      - Robert Treat Paine

  • Colonie de Rhode Island:
      - Stephen Hopkins
      - Samuel Ward

  • Colonie du Connecticut:
      - Silas Deane
      - Eliphalet Dyer
      - Roger Sherman

  • Province de New York:
      - John Alsop
      - James Duane
      - John Jay
      - Philip Livingston
      - Isaac Low
      - Simon Boerum
      - John Haring
      - Henry Wisner
      - William Floyd

  • Province du New Jersey:
      - Stephen Crane
      - John De Hart
      - James Kinsey
      - William Livingston
      - Richard Smith

  • Province de Pennsylvanie:
      - Edward Biddle
      - John Dickinson
      - Joseph Galloway
      - Charles Humphreys
      - Thomas Mifflin
      - John Morton
      - Samuel Rhoads
      - George Ross

  • Colonie du Delaware:
      - Thomas McKean
      - George Read
      - Caesar Rodney

  • Province du Maryland:
      - Samuel Chase
      - Robert Goldsborough
      - Thomas Johnson
      - William Paca
      - Matthew Tilghman

  • Dominion ou Commonwealth de Virginie:
      - Richard Bland
      - Benjamin Harrison V
      - Patrick Henry
      - Richard Henry Lee
      - Edmund Pendleton
      - Peyton Randolph
      - George Washington

  • Province de Caroline du Nord:
      - Richard Caswell
      - Joseph Hewes
      - William Hooper

  • Province de Caroline du Sud:
      - Christopher Gadsden
      - Thomas Lynch, Jr.
      - Henry Middleton
      - Edward Rutledge
      - John Rutledge

(1) La Géorgie n'envoit de délégués qu'au début du Second Congrès, en juillet 1775. Elise Marienstras et Naomi Wulf, "Révoltes et révolutions en Amérique", Atlande. page 68.

(2) Blogosphère Mara, "Guerre d'indépendance - Introduction: origines de la Révolution américaine"



Second Congrès continental (10 mai 1775 - 1er mars 1781).

Le Second Congrès Continental n'est en fait qu'une reconduction du Premier. Il s'ouvre le 10 mai 1775, c'est-à-dire après le début des premiers combats entre l'Armée britannique et les milices locales, en avril, et se tient au Pennsylvanie State House (aujourd'hui Independence Hall) de Philadelphie. La plupart des représentants sont les délégués ayant participé au Premier Congrès, et ceux-ci élisent le même président d'assemblée (Peyton Randolph) et le même Secrétaire (Charles Thompson). Parmi les nouveaux arrivants, notons Benjamin Franklin, de Pennsylvanie, et John Hancock, du Massachusetts.

Les représentants de douze des treize colonies sont présents lors de l'ouverture. Ceux de la Géorgie n'arriveront qu'en juillet, deux mois plus tard. Les premières mesures adoptées sont la création d'une "Armée Continentale" (14 juin 1775), la rédaction de la "Déclaration d'indépendance" (4 juillet 1776), et la rédaction des "Articles de la Confédération américaine" (15 novembre 1777) qui donneront ensuite naissance à la Constitution (21 juin 1788).

Le 1er mars 1781, lui succédera le "Congrès de la Confédération" (Congress of the Confederation), qui se concluera le 4 mars 1789. L'Armée Continentale (Continental Army) est dissoute en septembre 1783, après la signature du Traité de Paris, et remplacée le jour même par l'"Armée des Etats-Unis" (United States Army).



Déclaration d'indépendance (4 juillet 1776).

La Déclaration d'indépendance est le texte politique par lequel les Treize Colonies britanniques d'Amérique du Nord, lors du Second Congrès continental, font sécession de l'empire britannique, le 4 juillet 1776. Ce texte est marqué par l'influence de la philosophie des Lumières en France, et tire également les conséquences de la "Glorieuse Révolution" de 1688 en Angleterre: d'après les abus constatés, les délégués des colonies estiment qu'ils ont le droit et le devoir de se révolter contre la monarchie britannique. En fait, contre le parlement britannique qui a voté les lourds impôts et taxes. Le 4 juillet est devenu depuis lors la fête nationale américaine: l'Independence Day, ou "Jour de l'Indépendance".

Tableau ci-dessous: ratification de la Déclaration d'indépendance américaine, le 4 juillet 1776.



1° Contexte historique.

La Déclaration d'indépendance est une étape capitale dans l'histoire des relations anglo-américaines: après une série de crises entre la métropole et les Treize Colonies, principalement sur les questions de taxation des produits, le texte proclame la naissance d'une nouvelle nation et représente un acte révolutionnaire.

En janvier 1776, l'écrivain anglais Thomas Paine prend parti pour les "Insurgés" (Insurgents) américains dans son "Sens commun" (Common Sense)(1776) qui remporte un vif succès: environ un demi-million d'exemplaires vendus. Son livre est un plaidoyer pour la rupture avec la Grande-Bretagne et aurait inspiré George Washington. En effet, dans ce petit livre, il estime ridicule qu'un pays si petit que la Grande-Bretagne gouverne et impose des lois à l'immense et lointaine Amérique.

Le 12 juin 1776, la Virginie se dote d'une Déclaration des droits, Virginia Declaration of Rights.

Le Second Congrès continental de Philadelphie, composé de 56 délégués de treize colonies, réunis au Pennsylvania State House (aujourd'hui Independence Hall), décide de rédiger la "Déclaration d'indépendance" (Declaration of Independence).

Le projet est confié à un comité de cinq représentants (Committee of Five): John Adams, Roger Sherman, Benjamin Franklin, Robert Livingston et Thomas Jefferson. C'est en particulier Jefferson qui élabore une ébauche de la Déclaration. Il devient de fait le principal auteur du texte. Il finit son travail le 21 juin 1776 et le soumet au comité qui fait quelques modifications. La Déclaration d'indépendance est encore amendée au cours des débats du Congrès: les passages sur la traite et l'esclavage sont supprimés, afin de ne pas mécontenter les colonies du Sud.

Le document définitif, écrit sur du parchemin, est approuvé et ratifié le 4 juillet 1776 par 56 délégués. Il est ensuite envoyée à l’imprimerie pour être largement diffusée. La nouvelle de la Déclaration d'indépendance prendra le même temps (29 jours) pour aller de Philadelphie à Charleston, en Caroline du Sud, que de Philadelphie jusqu'à Paris.



2° Déclaration d'indépendance en français.

Texte de la Déclaration d'indépendance des Treize Colonies d'Amérique:

"Lorsque dans le cours des événements humains, il devient nécessaire pour un peuple de dissoudre les liens politiques qui l'ont attaché à un autre et de prendre, parmi les puissances de la Terre, la place séparée et égale à laquelle les lois de la nature et du Dieu de la nature lui donnent droit, le respect dû à l'opinion de l'humanité oblige à déclarer les causes qui le déterminent à la séparation.

"Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes:
  1. Tous les hommes sont créés égaux.
  2. Ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables.
  3. Parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.
"Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu'une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l'organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur. La prudence enseigne, à la vérité, que les gouvernements établis depuis longtemps ne doivent pas être changés pour des causes légères et passagères, et l'expérience de tous les temps a montré, en effet, que les hommes sont plus disposés à tolérer des maux supportables qu'à se faire justice à eux-mêmes en abolissant les formes auxquelles ils sont accoutumés. Mais lorsqu'une longue suite d'abus et d'usurpations, tendant invariablement au même but, marque le dessein de les soumettre au despotisme absolu, il est de leur droit et de leur devoir de rejeter un tel gouvernement et de pourvoir, par de nouvelles sauvegardes, à leur sécurité future.

"Telle a été la patience de ces Colonies, et telle est aujourd'hui la nécessité qui les force à changer leurs anciens systèmes de gouvernement. L'histoire du roi actuel de Grande-Bretagne est l'histoire d'une série d'injustices et d'usurpations répétées, qui toutes avaient pour but direct l'établissement d'une tyrannie absolue sur ces Etats.

"Pour le prouver, soumettons les faits au monde impartial: Il a refusé sa sanction aux lois les plus salutaires et les plus nécessaires au bien public. Il a défendu à ses gouverneurs de consentir à des lois d'une importance immédiate et urgente, à moins que leur mise en vigueur ne fût suspendue jusqu'à l'obtention de sa sanction, et des lois ainsi suspendues, il a absolument négligé d'y donner attention.

"Il a refusé de sanctionner d'autres lois pour l'organisation de grands districts, à moins que le peuple de ces districts n'abandonnât le droit d'être représenté dans la législature, droit inestimable pour un peuple, qui n'est redoutable qu'aux tyrans.

"Il a convoqué des Assemblées législatives dans des lieux inusités, incommodes et éloignés des dépôts de leurs registres publics, dans la seule vue d'obtenir d'elles, par la fatigue, leur adhésion à ses mesures. A diverses reprises, il a dissous des Chambres de Représentants parce qu'elles s'opposaient avec une mâle fermeté à ses empiètements sur les droits du peuple. Après ces dissolutions, il a refusé pendant longtemps de faire élire d'autres Chambres de Représentants, et le pouvoir législatif, qui n'est pas susceptible d'anéantissement, est ainsi retourné au peuple tout entier pour être exercé par lui, l'Etat restant, dans l'intervalle, exposé à tous les dangers d'invasions du dehors et de convulsions au-dedans.

"Il a cherché à mettre obstacle à l'accroissement de la population de ces Etats. Dans ce but:
  1. Il a mis empêchement à l'exécution des lois pour la naturalisation des étrangers,
  2. Il a refusé d'en rendre d'autres pour encourager leur émigration dans ces contrées,
  3. Et il a élevé les conditions pour les nouvelles acquisitions de terres.
"Il a entravé l'administration de la justice en refusant sa sanction à des lois pour l'établissement de pouvoirs judiciaires. Il a rendu les juges dépendants de sa seule volonté, pour la durée de leurs offices et pour le taux et le paiement de leurs appointements.

"Il a créé une multitude d'emplois et envoyé dans ce pays des essaims de nouveaux employés pour vexer notre peuple et dévorer sa substance. Il a entretenu parmi nous, en temps de paix, des armées permanentes sans le consentement de nos législatures. Il a affecté de rendre le pouvoir militaire indépendant de l'autorité civile et même supérieur à elle. Il s'est coalisé avec d'autres pour nous soumettre à une juridiction étrangère à nos Constitutions et non reconnue par nos lois, en donnant sa sanction à des actes de prétendue législation ayant pour objet:
  1. De mettre en quartier parmi nous de gros corps de troupes armées,
  2. De les protéger par une procédure illusoire contre le châtiment des meurtres qu'ils auraient commis sur la personne des habitants de ces province,
  3. De détruire notre commerce avec toutes les parties du monde,
  4. De nous imposer des taxes sans notre consentement,
  5. De nous priver dans plusieurs cas du bénéfice de la procédure par jurés,
  6. De nous transporter au-delà des mers pour être jugés à raison de prétendus délits,
  7. D'abolir dans une province voisine le système libéral des lois anglaises, d'y établir un gouvernement arbitraire et de reculer ses limites, afin de faire à la fois de cette province un exemple et un instrument propre à introduire le même gouvernement absolu dans ces Colonies,
  8. De retirer nos chartes, d'abolir nos lois les plus précieuses et d'altérer dans leur essence les formes de nos gouvernements,
  9. De suspendre nos propres législatures et de se déclarer lui-même investi du pouvoir de faire des lois obligatoires pour nous dans tous les cas quelconques.
"Il a abdiqué le gouvernement de notre pays, en nous déclarant hors de sa protection et en nous faisant la guerre. Il a pillé nos mers, ravagé nos côtes, brûlé nos villes et massacré nos concitoyens. En ce moment même, il transporte de grandes armées de mercenaires étrangers pour accomplir l'oeuvre de mort, de désolation et de tyrannie qui a été commencée avec des circonstances de cruauté et de perfidie dont on aurait peine à trouver des exemples dans les siècles les plus barbares, et qui sont tout à fait indignes du chef d'une nation civilisée. Il a excité parmi nous l'insurrection domestique, et il a cherché à attirer sur les habitants de nos frontières les Indiens, ces sauvages sans pitié, dont la manière bien connue de faire la guerre est de tout massacrer, sans distinction d'âge, de sexe ni de condition.

"Dans tout le cours de ces oppressions, nous avons demandé justice dans les termes les plus humbles. Nos pétitions répétées n'ont reçu pour réponse que des injustices répétées. Un prince dont le caractère est ainsi marqué par les actions qui peuvent signaler un tyran est impropre à gouverner un peuple libre.

"Nous n'avons pas non plus manqué d'égards envers nos frères de la Grande-Bretagne. Nous les avons de temps en temps avertis des tentatives faites par leur législature pour étendre sur nous une injuste juridiction. Nous leur avons rappelé les circonstances de notre émigration et de notre établissement dans ces contrées. Nous avons fait appel à leur justice et à leur magnanimité naturelle, et nous les avons conjurés, au nom des liens d'une commune origine, de désavouer ces usurpations qui devaient inévitablement interrompre notre liaison et nos bons rapports. Eux aussi ont été sourds à la voix de la raison et de la consanguinité. Nous devons donc nous rendre à la nécessité qui commande notre séparation et les regarder, de même que le reste de l'humanité, comme des ennemis dans la guerre et des amis dans la paix.

"En conséquence, nous, les représentants des Etats-Unis d'Amérique, assemblés en Congrès général, prenant à témoin le Juge suprême de l'univers de la droiture de nos intentions, publions et déclarons solennellement au nom et par l'autorité du bon peuple de ces Colonies,
  1. Que ces Colonies unies sont et ont le droit d'être des Etats libres et indépendants,
  2. Qu'elles sont dégagées de toute obéissance envers la Couronne de la Grande-Bretagne,
  3. Que tout lien politique entre elles et l'Etat de la Grande-Bretagne est et doit être entièrement dissous,
  4. Que, comme les Etats libres et indépendants, elles ont pleine autorité de faire la guerre, de conclure la paix, de contracter des alliances, de réglementer le commerce et de faire tous autres actes ou choses que les Etats indépendants ont droit de faire,
  5. Et pleins d'une ferme confiance dans la protection de la divine Providence, nous engageons mutuellement au soutien de cette Déclaration, nos vies, nos fortunes et notre bien le plus sacré, l'honneur."


[Traduction en français réalisé par Thomas Jefferson]


3° Signataires de la Déclaration d'Indépendance.

  • John Hancock (Massachusetts), en tant que Président d'assemblée.

    • New Hampshire:
        2. Josiah Bartlett.
        3. William Whipple.
        4. Matthew Thornton.

    • Massachusetts:
        5. Samuel Adams.
        6. John Adams.
        7. Robert Treat Paine.
        8. Elbridge Gerry.

    • Rhode Island:
      • 9. Stephen Hopkins.
        10. William Ellery.

    • Connecticut:
        11. Roger Sherman.
        12. Samuel Huntington.
        13. William Williams.
        14. Oliver Wolcott.

    • New York:
        15. William Floyd.
        16. Philipp Livingston.
        17. Francis Lewis.
        18. Lewis Morris.

    • New Jersey:
        19. Richard Stockton.
        20. John Witherspoon.
        21. Francis Hopkinson.
        22. John Hart.
        23. Abraham Clark.

    • Pennsylvanie:
        24. Robert Morris.
        25. Benjamin Rush.
        26. Benjamin Franklin.
        27. John Morton.
        28. George Clymer.
        29. James Smith.
        30. George Taylor.
        31. James Wilson.
        32. George Ross.

    • Delaware:
        33. Caesar Rodney.
        34. George Read.
        35. Thomas McKean.

    • Maryland:
        36. Samuel Chase.
        37. William Paca.
        38. Thomas Stone.
        39. Charles Carroll de Carollton.

    • Virginie:
        40. George Wythe.
        41. Richard Henry Lee.
        42. Thomas Jefferson.
        43. Benjamin Harrison.
        44. Thomas Nelson junior.
        45. Francis Lightfoot Lee.
        46. Carter Braxton.

    • Caroline du Nord:
        47. William Hooper.
        48. Joseph Hewes.
        49. John Penn.

    • Caroline du Sud:
        50. Edward Rutledge.
        51. Thomas Heyward, Jr.
        52. Thomas Lynch, Jr.
        53. Arthur Middleton.

    • Géorgie:
        54. Button Gwinnett.
        55. Lyman Hall.
        56. George Walton.

    Portée de la Déclaration d'indépendance.

    1° Dans l'histoire américaine.

    La Déclaration d'indépendance a un grand retentissement en Amérique du Nord. Le texte sert de propagande aux "Patriotes" américains pendant tout le conflit qui les oppose à la Grande-Bretagne, et fait partie des textes fondateurs de la nouvelle nation américaine, aux côtés de la Constitution en 1787 et de la "Déclaration des Droits" (Bill of Rights) de 1789.

    Le 4 juillet marque le véritable acte de naissance des Etats-Unis. La Déclaration est lue en 1776 dans toutes les églises de Boston, et placardée dans les villes et les villages. Elle servira de modèle à la "Déclaration des Sentiments" (Declaration of Sentiments) en 1848, signée par les délégués de la première convention sur les droits de la femme, à Seneca Falls, New York.

    Pendant la Guerre de Sécession, dans son discours de la Gettysburg Address en 1863, le Président de l'Union Abraham Lincoln met en valeur l'importance de la Déclaration dans l'histoire du pays: "Four score and seven years ago our fathers brought forth on this continent, a new nation, conceived in liberty, and dedicated to the proposition that all men are created equal."

    Le texte est également repris par Martin Luther King, dans son célèbre discours "I have a dream". Le document d'origine est conservé dans le batiment des "Archives nationales des Etats-Unis", à Washington DC.


    2° Dans le monde entier.

    La Déclaration d'indépendance américaine fonde la première nation décolonisée du Monde, bien que l'indépendance ne soit officiellement reconnue qu'en 1783 avec le Traité de Versailles. Elle influencera, en France, les rédacteurs de la "Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen" de 1789. Au milieu du 20ème siècle, elle servira de référence aux leaders indépendantistes vietnamiens comme Hô Chi Minh au cours de la décolonisation de l'Indochine.


    3° Dans la culture populaire.

    Dans le film "Benjamin Gates et le Trésor des Templiers" de Jon Turtletaub (2004), le héros incarné par Nicolas Cage vole la Déclaration d'indépendance.



    Article modifié le 14 juin 2015.


    Sources principales:
    History of the United States (Wikipedia.org)
    • Elise Marienstras, Naomi Wulf, "Révoltes et révolutions en Amérique", Atlande, 2005.
    • Jacques Binoche, "Histoire des Etats-Unis", Paris, Ellipses, 2003.

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