Guerre du Vietnam 1965-1975 - Entrée en lice des Etats-Unis

La guerre du Vietnam, également connue aux Etats-Unis sous l'appelation de "Seconde Guerre d'Indochine", est un conflit long et meurtrier, une véritable guerre civile, qui a ensanglanté l'ancienne Indochine française, formée du Vietnam, du Laos et du Cambodge. Au Vietnam, la guerre s'est étendue du 26 septembre 1959, date de la première action armée du Vietcong contre le gouvernement sud-vietnamien, au 30 avril 1975, jour de la chute de Saigon et la fin du régime nationaliste de Nguyen Van Thieu.


Le Vietcong, ou "Front National de Libération du Sud-Vietnam", dépend largement de l'aide militaire et financier du Nord-Vietnam, lui-même entretenu par la Chine et surtout l'Union Soviétique. Le gouvernement sud-vietnamien, de son côté, est aidé à une écrasante majorité par les Américains, au nom de la politique du "Containment", c'est-à-dire la lutte contre l'expansion et l'influence du Communisme en Asie du Sud-Est, ainsi que par plusieurs autres pays occidentaux (Australie, Royaume-Uni) ou vicéralement anti-communiste (Corée du Sud) mais à une beaucoup moindre échelle que les Etats-Unis.

Les premiers "conseillers" militaires américains débarquent au Sud-Vietnam dès la création de l'armée sud-vietnamienne (ARVN), en octobre 1955, mais il faudra attendre dix ans pour que Lyndon B. Johnson engage massivement les unités de combat de l'US Army aux côtés de celle-ci.

L'offensive communiste du Têt, lancée fin janvier et en février 1968, marque psychologiquement le tournant de la guerre du Vietnam. Bien qu'au final, la guerilla Vietcong et les unités de l'Armée nord-vietnamienne (ANV) impliquées en sortent pratiquement anéanties, cette attaque de grande ampleur surprend complètement les militaires américains et provoque une terrible onde de choc dans la presse et l'opinion publique aux Etats-Unis. C'est ainsi que l'administration du président Richard Nixon, cherchant une solution diplomatique pour sortir de ce "bourbier", entame la même année des pourparlers de paix avec le Nord-Vietnam. 1969 marque le début du retrait militaire et de la "Vietnamisation du conflit". Les derniers combattants américains quittent le Sud-Vietnam à la fin du mois de mars 1973. Ne restent sur place que le détachement de Marine de protection de l'ambassade, et des coopérants civils.

Mais ces pourparlers entre les Etats-Unis et le Nord-Vietnam s'éternisent depuis 1968, parallèlement aux combats qui se poursuivaient sur le terrain. En juin 1969, le "Gouvernement Révolutionnaire provisoire" (GRP) est créé par le Parti Communiste sud-vietnamien, et absorbe ce qui reste du FNL/Vietcong détruit l'année précédente. En dépit des "Accords de Paris", initialement signés le 27 janvier 1973 par Henry Kissinger et Le Duc Tho, puis par les deux autres parties en présence (GRP et Sud-Vietnam), le conflit durera encore plus de deux ans. Les Nord-Vietnamiens, tirant les leçons de leur précédent échec de la Pâque 1972, brisent ces accords et lancent au début de l'année 1975 une offensive finale foudroyante, longuement et minutieusement préparée, envahissant le Sud-Vietnam, et pour celui-ci, c'est le début de la fin. Le conflit s'achève le 30 avril avec la prise de la capitale sudiste, Saigon, par les troupes nord-vietnamiennes.

Cette "sale guerre" qui a impliqué plus de 3.5 millions de jeunes conscrits âgés de 19 à 23 ans, et qui a été "perdue" dans les couloirs de la Maison-Blanche et l'opinion publique aux Etats-Unis, soit à 20000km du théâtre des opérations, continue à l'heure actuelle de traumatiser la société américaine.



Préambule: Accords de Genève et partition du Vietnam en 1954.

Après la victoire du Viet-Minh à Dien Bien Phu, le 7 mai 1954 (1), les "Accords de Genève", réunissant des délégués de la France, du Viet-Minh, des Etats-Unis, de la Chine et de l'Union Soviétique, divisent le Vietnam en deux entitées, séparées par une "Zone de Démarcation Militaire" (DMZ) le long du Dix-Septième Parallèle.

Cette partition provoque déjà, dès 1954, un premier exode massif de réfugiers. C'est l'opération Passage to Freedom exécutée par l'US Navy et la Marine française: 310000 Vietnamiens anti-communistes fuient le Nord par mer pour gagner le Sud.



La "République Démocratique du Vietnam" fondée par Ho Chi Minh en septembre 1945, reçoit le territoire au nord de celui-ci, avec la capitale Hanoi. S'installe alors une dictature communiste, soutenu par l'Union Soviétique et la Chine.

Au sud, la "République du Vietnam", l'empereur Bao-Dai rapelle des Etats-Unis Ngo Dinh Diem, où il vit en exil, et le nomme Premier ministre du nouvel Etat, avec pour capitale Saigon.

Diem, en tant que Catholique, est farouchement anti-communiste, et proclame la "République". Mais très vite, en 1955, il installe un pouvoir affairiste, autoritaire et népotique. Le gouvernement sud-vietnamien, soutenu par les Etats-Unis, devient très vite impopulaire aux yeux de sa population. Les Américains eux-même finiront par prendre leur distance en 1963.

Le "Front National de Libération du Sud Vietnam" (FNL) est fondé dès la partition du pays par les Communistes sud-vietnamiens pour lutter contre le gouvernement de Diem, et rassemble des anciens du Viet-Minh ayant décidé de reprendre le maquis. "Vietcong" est le nom usuel donné par les Américains au FNL, il résulte de la contraction phonétique de "Cong San Viet Nam" (Communistes Vietnamiens). Les relations ambigües du FNL avec Hanoi ont donné lieu à de nombreux débats politiques et des controverses, bien que le FNL se déclare lui-même autonome et indépendant du Nord-Vietnam.

Le 1er novembre 1963, Diem est devenu si impopulaire qu'il est renversé par un coup d'Etat fomenté par sa propre armée, l'ARVN, et dirigé par le général Duong Van Minh, lequel a reçu du président John F. Kennedy, par l'intermédiaire de son ambassadeur Henry Cabot Lodge, l'"assurance de ne pas interférer". Diem, qui a essayé de fuir le Palais présidentiel, est repris et fusillé par des militaires le lendemain, 2 novembre.

Van Minh est lui-même renversé le 30 janvier 1964 par le général Nguyen Khanh, lequel ne tarde pas à prendre exemple sur Diem, et à être "écarté" à son tour par un tandem de deux autres généraux, Nguyen Cao Ky et Nguyen Chanh Thi.

En 1964, cette succession de coups d'Etat et de renversements entraîne une période d'instabilité politique. L'autorité gouvernementale s'affaiblit, en particulier dans les zones rurales, où l'influence de la guerilla communiste Vietcong grandit et s'intensifie. Les Etats-Unis, pour soutenir le Sud-Vietnam, accroissent leur aide militaire.



(1) "Guerre d'Indochine - Bataille de Dien Bien Phu (13 mars - 7 mai 1954)"


Insurrection communiste au Sud-Vietnam (1956-1960).

En 1956, la brutalité des méthodes de Ngo Dinh Diem dans sa lutte contre les Communistes lui aliénent une grande partie de la population paysanne sud-vietnamienne. Face à ce pouvoir népotique et de plus en plus corrompu, des anciens du mouvement nationaliste Viet-Minh décide de se regrouper et choisissent la voie de la lutte armée contre le gouvernement Diem, en reprenant les tactiques employées contre les Français. Le "Front National de Libération du Sud-Vietnam" (FNL) sera officiellement proclamé en décembre 1960.

Le FNL, surnommé populairement "Vietcong" par les Américains, entame alors une campagne d'assassinats de chefs de village et de personnalités qui s'opposent à sa politique, d'attentats à la bombe et parfois de véritables attaques contre des casernes ou des unités de l'armée sud-vietnamienne (ARVN).

Le 8 juillet 1959, le Vietcong assassine, dans un village près de Bien Hoa, à 35km au nord-est de Saigon, deux conseillers militaires américains assistant à une projection cinématographique. Le major Dale Richard Buis et le sergent Charles Ovnand sont considérés comme les premiers tués américains de la guerre du Vietnam et leurs noms figurent en première place sur le Mur du Mémorial du Vietnam, à Washington DC.

Septembre 1959 est considéré par les historiens comme le début officiel de l'insurrection armée de la guerilla communiste contre le pouvoir et l'armée sud-vietnamienne. Un bataillon Vietcong tend une embuscade à deux compagnies de l'ARVN. Dans la province de Tay Ninh, près de la frontière cambodgienne, le Vietcong créé le "Truong Uong Cuc Mien Nam" (COSVN), un "état-major communiste centralisé pour le Sud" chargé de coordonner les actions des divers mouvements de résistance dans le pays.

En janvier 1960, une série de soulèvements se produit dans la province de Ben Tre (Delta du Mékong), et les communistes sud-vietnamiens fondent plusieurs "zones libérées".

Entretemps, en mai 1959, le gouvernement sud-vietnamien, de son côté, a voté la "Loi 10/59" qui autorise désormais l'application de la peine de mort pour "crimes contre la sécurité de l'Etat".

En 1961-1963, pour aider le Vietcong dans sa lutte, 40000 soldats nord-vietnamiens s'infiltrent au Sud par la "Piste Ho Chi Minh", un réseau complexe de routes et de sentiers serpentant dans les régions montagneuses le long des frontières laotienne et cambodgienne.



Politique vietnamienne de l'administration Kennedy (1960-1963).

Lorsque John F. Kennedy débute son mandat présidentiel en janvier 1961, une de ses premières mesures et de confirmer et d'accroître l'aide américaine au Sud-Vietnam. Il fera ainsi passer le nombre de conseillers militaires à 2000 à la fin de cette année, et seront 16500 hommes fin 1963, contre environ 900 à la fin de la précédente administration d'Eisenhower.

En mai 1961, le vice-président Lyndon B. Johnson effectue une visite à Saigon et rassure Diem sur l'aide des Etats-Unis. Le programme Strategic Hamlets ("Hameaux Stratégiques") est mis en place par les conseillers américains et l'armée sud-vietnamienne. Il s'agit de déplacer la population rurale dans des camps fortifiés, de manière à l'isoler du Vietcong, en leur fournissant protection, vivres, éducation et assistance médicale. Mais les résultats positifs de ce programme restent assez faibles et aléatoires, en raison principalement du mécontentement de la population locale, de la corruption généralisée au sein du gouvernement et de l'armée sud-vietnamienne, des infiltrations de la guerilla dans les camps, et de la politique d'élimination des opposants anti-communistes par les Vietcongs.

Le 8 février 1962, les Américains créent un commandement militaire spécialisé sur l'aérodrome de Tan Son Nhut, près de Saigon, le Military Assistance Command, Vietnam (MACV), commandé par le général Paul D. Harkins. L'US Air Force déploit également au Sud-Vietnam plusieurs unités de B-26 Invader et d'A-1 Skyraider, d'avions de transport et d'hélicoptères à Saigon et à Da Nang.

En janvier 1963, la bataille d'Ap Bac entre le Vietcong et l'ARVN démontre l'incapacité de cette dernière à combattre efficacement son adversaire. Au cours de cet affrontement, plusieurs conseillers américains qui encadrent les troupes sud-vietnamiennes sont tués ou blessés.

Parallèlement, Diem le Catholique instaure une série de mesures discriminatoires et entame une répression sauvage de la communauté bouddhiste de Hue. Le régime sud-vietnamien devient si impopulaire que les Américains commencent à prendre leur distance. Alors que dans l'ensemble, le Département de la Défense et les militaires américains restent assez favorables à Diem, le Département d'Etat de son côté commence à envisager la possibilité d'un changement de régime.

Durant l'été 1963, la CIA prend contact avec des généraux sud-vietnamiens pour organiser un putsch militaire. Diem est effectivement renversé le 1er novembre suivant par sa propre armée, avec le soutien tacite des Etats-Unis, et exécuté le lendemain avec son frère.

La "Division des activités spéciales" (SAD) de la CIA entame également une campagne clandestine et secrète d'assassinats de membres du Vietcong ou de sympathisants pro-communistes. C'est le "Programme Phoenix", exécuté par des unités spéciales des Navy SEALs ou de MACV-SOG (Studies and Observations Group).

Trois semaines après Diem, John Fitzgerald Kennedy est assassiné à son tour, le 22 novembre 1963 à Dallas au Texas.


Controverse sur l'"Incident du Golfe du Tonkin": Lyndon Johnson et l'escalade (1964-1965).

Le successeur de John F. Kennedy, Lyndon B. Johnson, hérite de l'engagement américain en Asie du Sud-Est, et prend une série de mesure pour encore le renforcer. Les plans dressés par les militaires américains en janvier 1964 prévoit désormais la surveillance électronique et radio des côtes nord-vietnamiennes par les navires de l'US Navy, les opérations secrètes incluant le sabotage, et des missions de bombardement (secrets) de la Piste Ho Chi Minh au Laos, par où transite l'aide matérielle au Vietcong.


L'US Navy lance l'opération Desoto, des missions de soutien de guerre électronique au large des côtes nord-vietnamiennes. Les navires américains ont reçu l'ordre formel de se tenir au-delà de la limite fixée des 13km (8 miles) dans les eaux internationales.

Le 2 août 1964, vers 15h, le destroyer USS Maddox, en mission d'écoute électronique dans le Golfe du Tonkin, à une quarantaine de kilomètres au large des côtes, c'est-à-dire dans les eaux internationales (2), signale qu'il est attaqué par trois vedettes lance-torpilles nord-vietnamiennes, qu'il a riposté au canon de 127mm et touché plusieurs d'entre-elles. Le destroyer parvient à éviter les torpilles envoyés contre-lui, puis se retire en s'éloignant de la côte vers le large. L'"incident" ne fait aucun morts ni blessés du côté américain.

Johnson, informé de l'attaque, prend des mesures et renforce le dispositif déjà en place: il autorise le porte-avions USS Constellation et rejoindre l'USS Ticonderoga dans la Mer de Chine méridionale, et ordonne à un second destroyer, l'USS C. Turner Joy, de porter assistance à l'USS Maddox.


Le lendemain, 3 août 1964, alors que les deux destroyers font route et se rapprochent de la côte, un violent orage éclate, dérèglant les radars et les instruments sonar. Le commandant du Maddox, le capitaine John J. Herrick, craignant une attaque, demande une couverture aérienne. Des F-8 Crusader décollent donc du Ticonderoga vers 21h.

Dans la nuit du 3 au 4 août 1964, les deux destroyers américains se mettent soudainement à zigzaguer et à ouvrir le feu dans toutes les directions, signalent qu'ils sont attaqués par un groupe de vedettes ennemies. Les opérateurs sonar repèrent pas moins de 22 sillages de torpilles, mais aucune d'elle n'atteint les deux destroyers, qui répliquent ainsi aux canons pendant deux heures.

Même si la première attaque du 2 août ne fait aucun doute, la réalité de cette "seconde attaque" fera l'objet longtemps de longues controverses. Bien que l'US Navy affirme avoir coulé deux navires ennemis, aucun débris ni corps de marins nord-vietnamiens ne sera retrouvé sur les lieux de l'engagement.

Il est très improbable qu'il y ait eu des forces nord-vietnamiennes dans ce secteur pendant le combat. Le capitaine John J. Herrick a même admis que ce n'était rien de plus qu'un opérateur sonar "excessivement zélé" qui "entendait battre la propre hélice de son navire". Toutefois à ce moment, une grande partie de l'équipage croyait vraiment être sous le feu ennemi. En 1995, le général Vo Nguyen Giap, à l'époque commandant suprême des forces nord-vietnamiennes, a confirmé l'attaque du 2 août, mais a nié toute participation dans celle du 4 août.

C'est l'élément déclencheur. En représaille de ces deux attaques, dont on sait aujourd'hui, grâce aux archives déclassifiées de la NSA, que la seconde n'a jamais eu lieu, même si les marins américains y ont cru de toute bonne foi, Lyndon Johnson se sert de ce prétexte pour franchir une étape supplémentaire et irreversible sur le chemin de la guerre.

Le 6 août 1964, le Congrès vote la "Résolution du Golfe du Tonkin", donnant de fait plein pouvoir au président américain. Johnson décrit lui-même la résolution comme la "chemise de nuit de grand-mère: elle couvre tout". Celui-ci apparaît sur les chaines de télévision nationale et annonce au peuple américain sa détermination à répondre à l'agression nord-vietnamienne. Son opposant républicain aux élections présidentielles de novembre, le sénateur Barry Goldwater, est forcé de l'approuver.

Au Sud-Vietnam, les nombreux coup d'Etat et changements politiques qui se succèdent entre novembre 1963 et mars 1965 ont des conséquences catastrophiques sur la conduite des opérations militaires contre le Vietcong. Celui, soutenu par le Nord-Vietnam, tirant parti des tensions sociales qui secouent le pays, étend sensiblement les zones contrôlées par ses partisans. L'armée sud-vietnamienne, découragée et touchée elle aussi par la propagande communiste, renonce pratiquement à appliquer les tactiques de contre-guerilla prônée par les conseillers militaires américains.

Le 31 octobre 1964, des commandos vietcong, déguisés en paysans, se rapprochent du périmètre de la base aérienne de Bien Hoa à bord de sampans, pour la bombarder aux mortiers. L'attaque se solde par la mort de quatre Américains, la destruction de cinq bombardiers, tandis que huit autres sont sérieusement endommagés.

La nuit du 24 au 25 décembre 1964, pendant le réveillon de Noel, un camion bourré d'explosif secoue l'Hotel Brink de Saigon, où de nombreux militaires américains assistent à un spectacle de Bob Hope. Bilan: 2 tués, 70 blessés, une partie de l'immeuble détruit.

Mais l'évenement qui, plus que tout les autres, décide Johnson à envoyer un véritable corps expéditionnaire à Da Nang, est sans conteste l'attaque de Camp Holloway à Pleiku, dans la nuit du 6 au 7 février 1965. Environ 400 Américains du 52nd Combat Aviation Battalion y dorment paisiblement lorsque des vietcongs, profitant d'une trêve religieuse, s'infiltrent dans la base américaine. A 2h du matin, ils ouvrent le feu, détruisent les stocks de munitions et détruisent de nombreux hélicoptères. Sept américains sont tués, environ une centaine d'autres blessés. Réaction de Johnson: "Ils tuent nos hommes pendant leur sommeil. Je ne peux plus leur demander de continuer à se battre les bras croisés."


Début mars 1965, des commandos vietcong essuie cependant un terrible échec en s'en prennant à un camp militaire près de Binh Dinh. Quand les survivants se retirent, des dizaines de cadavres sont dénombrés accrochés aux fils barbelés.


(2) Les Nord-vietnamiens ont affirmé, de leur côté, que le navire américain naviguait à l'intérieur de la limite des eaux nationales, à environ 6km (4 miles) du rivage.


Arrivée massive des troupes terrestres américaines (mars-décembre 1965).

L'escalade de la guerre du Vietnam commence officiellement le matin du 31 janvier 1965, lorsque les 49 chasseurs-bombardiers F-105 Thunderchief du 18th Tactical Fighter Wing, basés à Okinawa, sont transférés sur l'aérodrome géant de Da Nang. C'est l'opération Flaming Dart, le bombardement des bases de communication et de logistique du vietcong près de la Zone de Démarcation Militaire (DMZ), au Sud-Vietnam, et la réponse de Johnson à l'attentat du vietcong contre l'Hotel Brink de Saigon, la veille de Noel.


Le 2 mars 1965, après l'attaque de Pleiku, les Américains franchissent l'étape suivante. Les B-52D et B-52F Stratofortress du Strategic Air Command (SAC), commandés par le général d'aviation Curtiss B. LeMay et basés sur Andersen AFB, sur Guam dans les îles Mariannes, sont placés en état d'alerte. Les opérations Rolling Thunder et Arc Light, le bombardement intensif du complexe militaro-industriel et des bases du Nord-Vietnam par l'US Air Force, débutent. Ces campagnes se poursuivront pendant les huit années du conflit, marquées par plusieurs périodes d'interruption.


Entretemps, en juin 1964, le général William C. Westmorland, un vétéran de la 82ème Division aéroportée ayant combattu en Afrique du Nord, en Sicile et en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, succède à Paul D. Harkins au Commandement Militaire Américain du Vietnam (MACV).



Arrivée massive des troupes américaines (mars-décembre 1965).

Entre janvier et décembre 1965, les forces américaines au Sud-Vietnam passeront de 23000 à 184300 soldats. L'arrivée massive du corps expéditionnaire débute le 8 mars 1965 à 9h, quand 3500 hommes de la 9th Marine Expeditionary Brigade (9MEB) débarquent sur la plage de Da Nang (China Beach), à 137km au sud-est de la DMZ. Leur mission est de sécuriser la zone du port et le périmètre de la base aérienne de l'US Air Force. En principe, en cas d'attaque ennemie, ils ont les mains libres pour riposter et "passer enfin à l'action".


Certains des Marines présents ont encore en tête l'enfer des débarquements dans le Pacifique, vingt ans plus tôt, et partagent leur pessimisme. Les Leathernecks (Nuques de Cuir), comme on les surnomme, ont appris à s'attendre à tout... sauf à ce qui les attend ce matin-là! Un tout nouveau genre de comité d'accueil et d'"adversaire": le maire de Da Nang, appareil polaroïd à la main, des jeunes filles avec banderoles "Bienvenue aux Marines" et de nombreux colliers de fleurs, une nuée de photographes et de cameramen de la presse internationale. Même le brigadier-général Frederick J. Karch, commandant la 9MEB, n'échappe pas à leur attention, et y passe. Une réception qu'il goûte cependant très modérément.



Les unités de l'US Marine Corps sont les premières troupes à débarquer au Sud-Vietnam, mais elles ne seront pas les seules. Le territoire est divisé en quatre "Corps Tactical Zone" (CTZ). La I CTZ (QG: Da Nang) couvre les provinces du nord et la zone au sud de la DMZ, les régions de Hue et de Da Nang, la II CTZ (QG: Pleiku) la région des Haut-Plateaux, la III CTZ (QG: Saigon) la capitale et les provinces environnantes (Bien Hoa, Cam Ranh, Tay Ninh, ...), et enfin la IV CTZ (QG: My Tho) couvre l'extrêmité sud du pays et le Delta du Mekong.


Les provinces du nord (I CTZ) sont sous la responsabilité des Marines. En août 1965, la 9MEB est renforcée et réorganisée, elle devient la III Marine Amphibious Force, composée des 3ème, 4ème, 7ème et 9ème régiments de Marines [infanterie], chacun avec leurs trois bataillons organiques.

Mais cela ne suffit toujours pas. Initialement, les troupes américaines déployées n'ont reçu qu'une mission défensive: assurer la sécurité des bases aériennes, surtout celles de Tan Son Nhut et de Da Nang.

En avril 1965, à Honololu, dans les îles Hawaii, se tient une conference entre le Secrétaire à la Défense, Robert MacNamara, et le général William Westmorland, le commandant en chef des troupes américaines au Sud-Vietman. A cette réunion, suivant les conseils de Westmorland, est prise la décision de doubler la présence militaire américaine, qui passe ainsi de 40200 à 82000 hommes.

Le 5 mai 1965, la 173ème Brigade aéroportée, la "Force de Réaction Rapide" de l'US Army dans le Pacifique, quitte ses bases d'Okinawa pour être déployée autour de Pleiku (II CTZ) et dans les Hauts-Plateaux. Prévue initialement pour être relevée par la 101ème Division aéroportée Screaming Eagles puis déployée dans la zone du III CTZ pour assurer la sécurité du commandement MACV de Saigon, finalement, lorsque les "Aigles Hurlants" débarquent, en juillet, les deux unités, imbriquées l'une dans l'autre, resteront en mission permanente dans cette région.

Le 21 septembre 1965, la 1ère Division de cavalerie [aéromobile] First Cav vient encore renforcer le dispositif de la II CTZ à An Khe.

Dans la zone d'opération III CTZ, autour de Saigon, en octobre, c'est le tour de la 1ère Division d'infanterie Big Red One, stationnée en Allemagne, de débarquer au sud-vietnam, renforcée deux mois plus tard par la 3ème Brigade de la 25ème Division d'infanterie Lightning, partie d'Alaska.

En mars 1965, sur le terrain, les Marines se bornent à effectuer des patrouilles autour du périmètre de la base aérienne américaine de Da Nang, dans les collines à l'ouest. Les premiers morts américains en opération de guerre sont victimes d'une tragique erreur de "tir ami". C'est ainsi que pour les Marines, la guerre du Vietnam débute véritablement.

Photo ci-dessous: en novembre 1965, une patrouille de la Big Red One inspecte une maison et vérifie s'il n'y a pas de cache d'armes ou d'approvisionnement destinés au Vietcong.


Du côté de l'Armée sud-vietnamienne, malgré l'arrivée progressive des unités de combat américaines, les taux de désertion et de désobéissance continuent de croître. En mai, c'est la bataille de Bin Giah, dans la province de Phuoc Tuy, au sud-est de Saigon. Les unités de l'ARVN engagées subissent de lourdes pertes et fuient honteusement. Le mois suivant, les Sud-Vietnamiens subissent une seconde et terrible défaite à la bataille de Dong Xoai.

En juin 1965, Westmorland informe le président que la situation de l'ARVN devient critique, et demande que les effectifs passent à 200000 hommes en décembre. Les militaires américains comprennent qu'ils ne peuvent plus se contenter de rester sur la défensive.


Autour de Da Nang, les patrouilles américaines dans les collines reviennent bredouille. Lourdement chargés, les Marines rentrent à leur base complètement épuisés sans avoir aperçu l'hombre d'un seul ennemi. Car durant les quatre mois qui suivent le débarquement des Marines à Da Nang, le Vietcong reçoit comme consigne d'éviter autant que possible la confrontation. Pour le général Wallace M. Greene, commandant de l'USMC, il n'y a pas pire et insupportable attente qui use les nerfs de ses troupes: "La mission de mes Marines est de tuer des Vietcongs. Ils ne peuvent le faire en restant assis sur leur sac."

Dans les premières heures du 1er juillet 1965, la guerilla change complètement de tactique et honore les voeux de Greene, en décidant de "sortir les Marines de leur torpeur." Un groupe de commandos vietcongs parvient à s'infilter à l'intérieur du périmètre américain, tire aux mortiers lourds contre la base aérienne et détruit ou endommage plusieurs avions et hélicoptères, avant de se retirer dans la nuit sans avoir été repéré ou inquiété. Un seul américain est tué, et les pertes matérielles somme toute assez minimes. Mais cette attaque a un énorme impact médiatique et moral, et c'est une formidable publicité pour la propagande communiste. Les Marines, furieux, jurent de se venger de cette "humiliation". La suite des évenements va bientôt leur en donner l'occasion...


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Sources également disponibles:

Vietnam War (Wikipedia.org)
http://en.wikipedia.org/wiki/Vietnam_War

Guerre du Vietnam (Wikipedia.org)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Vietnam

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